Le chat comme on le connaît aujourd’hui est le résultat de plusieurs stades d’évolution, de croisements de différentes races de chats, et d’une sélection naturelle ou humaine.

Ses origines, de la préhistoire à nos jours

60 millions d’années avant JC, les Miacidés sont à l’origine de tous les carnivores, fossiles et actuels. Le Miacis est un petit prédateur carnivore forestier primitif, qui a un corps et une queue allongés, un crâne bas et des pattes courtes. Il ressemble aux genettes, martres ou civettes actuelles.
Doté de cinq griffes par patte, c’est un habitant très agile des forêts d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie. Certains sont arboricoles et d’autres chassent au sol. Il se nourrit d’invertébrés, de lézards, d’oiseaux et de petits mammifères.

35 millions d’années plus tard, soit 25 millions d’années après JC, le Proailurus fait son apparition. C’est un animal qui pèse environ 9 kg, à peine plus gros qu’un chat domestique. Il a une longue queue, de grands yeux, des griffes rétractables et des dents acérées. Il mesure 1 m de longueur, 35 cm de hauteur, et marche sur la plante des pattes.
Il est au moins partiellement arboricole et vit en Eurasie.
Il fait partie de la famille des félidés et la traduction de son nom de genre signifie « premier chat ».

Le Pseudaelarus est un genre de félins éteint qui vivait en Eurasie et qui a migré en Amérique du Nord et en Afrique. Il est apparu 20 millions d’années avant JC.
On le considère comme l’ancêtre commun des félins actuels, ainsi que celui des Machairodontinés (des tigres à dents de sabres) à présent éteints. Il marche sur l’extrémité de ses doigts. Il fait partie de la famille des félidés.

Les Macharodontinés, dont l’un des plus célèbre représentant est le smilodon d’Amérique, plus connu sous le nom de tigre à dents de sabre, ainsi que d’autres félins qui ne présentent que des variations mineures dans la taille et la longueur des canines… sont apparus 10 millions d’années avant JC et ont disparu il y a 10.000 ans.
Les macharodontinés constituent une sous-famille éteinte des félidés.

Les Félidés actuels, qui existent depuis 5 millions d’années, sont tous digitigrades avec 5 doigts en avant et 4 seulement en arrière.
Dans la classification habituelle, ils sont répartis en 17 genres, eux-mêmes distribués dans trois sous-familles :
PANTHÉRINÉS, ACINONYCHINÉS et FÉLINÉS. Originairement d’Asie, ils se dispersent dans le monde entier, sauf en Australie et à Madagascar.

Les PANTHÉRINÉS, couramment appelés «Grands félins», sont les plus grands félidés. Certains peuvent dépasser 3 mètres de long et 300 kilos. Ils sont les seuls capables de rugir et ne peuvent pas rétracter leurs griffes. On peut recenser, la panthère, le tigre, le jaguar, le lion, l’once et le léopard.

Le guépard est le seul membre de la sous-famille des félidés, appelée ACINONYCHINÉS. Sa morphologie lui permet d’être l’animal terrestre le plus rapide en sprint. Ses longues pattes et une colonne vertébrale extrêmement flexible, sa longue queue lui servant de balancier lorsqu’il court, lui permettent d’atteindre 115km/h en 3 secondes.

Les FÉLINÉS , également nommés les «Petits félins», sont digitigrades et communiquent par miaulement. Ils ont tous des griffes rétractiles. On peut dénombrer l’ocelot, le serval, le jaguarondi, le margay, le lynx, le caracal, le puma,

et enfin le chat, du genre Felis silvestris catus.

Sa domestication

Le chat domestique ne descend pas du chat sauvage européen (Felis silvestris silvestris),


mais du chat sauvage moyen-oriental (Felis silvestris lybica), apprivoisé dès les débuts de l’agriculture.

C’EST ICI QUE TOUT A COMMENCÉ,
DANS LE «CROISSANT FERTILE» AU PROCHE-ORIENT

Parmi tous les animaux domestiqués pour leur utilité, le chat entretient des relations étroites avec l’homme depuis l’apparition de l’agriculture, environ 9.000 ans avant JC, au Néolithique…
Grâce à des conditions climatiques favorables, les premiers agriculteurs cultivent du blé dans le cette région, qui va du Sud de la Turquie jusqu’en Haute Egypte.

L’être humain n’y voyait que des avantages :
non seulement il était débarrassé des rats, des serpents et d’autres espèces venimeuses, mais il le mettait également à son menu.

Mais d’autres signes semblent attester que l’homme a adopté le chat : des ossements de chat et ceux d’un enfant ont été retrouvés dans une tombe datant de 7.500 ans avant JC. dans l’île de Chypre.

Deux vagues de domestication pour l’arrivée du chat en Europe :
La première arrive lors de la néolithisation de l’Europe, 4.000 ans avant JC.
C’est le blé qui va aider le chat à voyager ; a-t-il suivi les populations d’agriculteurs ou est-ce les agriculteurs qui les ont emmenés ? Nul ne le sait !
La seconde lui succède dès l’Antiquité, quand la mode se met au chat égyptien, variante locale du Lybica..
Cette mode gagne très vite le monde grec et romain. Les marins défendaient leurs réserves et leurs équipements.

Bien qu’il soit utilisé pour protéger cette nourriture précieuse, il ne peut pas être dressé.
Cette indépendance du chat par rapport à d’autres espèces domestiques génère, selon les lieux et les époques, des rapports de fascination et de vénération pour certains peuples comme crainte pour d’autres.

ADORÉ EN ÉGYPTE

Le culte d’animaux vivants, considérés comme des incarnations de la divinité, et proposés à l’adoration des fidèles dans les temples, était une caractéristique de la religion égyptienne. De leur temps, chaque nome (division administrative de l’Ancienne Egypte) vénérait une espèce animale particulière et la considérait tout entière comme divine sur l’étendue de son territoire. La domestication du chat en Egypte semble dater de la période prédynastique égyptienne, environ, 5.500 ans avant JC.
Avant de devenir animal de compagnie apprécié pour sa grâce et sa douceur, le chat est principalement un protecteur des stocks agricoles, de la transmission de maladies graves (peste), et des vipères.
Il rassure les foyers en protégeant les alentours de son territoire.
Si un chat venait à mourir, la famille se rasait les sourcils et respectaient une période de deuil de 70 jours, le temps de sa momification. Il est interdit de tuer ou de maltraiter un chat sous peine d’être lourdement puni, jusqu’à la peine de mort. Le culte et le souci du bien-être du chat est transmise de père en fils. Ainsi, les Egyptiens les plus aisés offraient à leur animal domestique des colliers ou des boucles d’oreille.

Si les chats domestiques, que ce soit dans des familles ou dans les temples, étaient très bien traités, d’autres n’avaient pas cette chance.

BASTET a été l’une des divinités les plus adorées par les Égyptiens.
Pendant 12 siècles la déesse Bastet, fille du dieu du soleil Râ, protectrice de la famille, des enfants et de l’amour, a vu plusieurs temples s’élever en son honneur.
Son culte commence à Bubastis où un temple lui est dédié dès 3.000 ans avant JC. D’abord divinité locale sur son sanctuaire de la ville, son culte se propage dans tout le pays.
Vers 650 avant JC, son culte s’installe à Saqqarah.
Dans son temple, chaque année, la déesse était vénérée par une foule de pèlerins (700.000 d’après Hérodote – 480-425 avant JC) qui, en offrande, lui donnait des momies de chat. Pour répondre à la demande de plus en
plus croissante des croyants, les prêtres ont élevé des chats pour en faire des momies (en général des chatons de quelques mois ou des adultes de moins de deux ans qui ne périssaient pas de mort naturelle). À Saqqarah et à Bubastis des nécropoles ont été mises au jour par des archéologues à la fin des années 1800, contenant des centaines de milliers de chats momifiés. 300 000 de ces momies ont été envoyées en Angleterre pour servir d’engrais.


EN GRÈCE ANTIQUE

Les Grecs de l’époque classique, ne disposant pas de chats, utilisaient des belettes ou des fouines afin de défendre les récoltes. Selon la légende, les Grecs souhaitaient acheter des félins aux Égyptiens, mais ceux-ci refusaient de se séparer de leurs animaux sacrés. Les Grecs décidèrent alors de lancer une expédition secrète vers l’Égypte, et parvinrent ainsi à voler 6 couples de chats.

A l’origine, le chat est considéré comme un jouet coûteux, parce que peu répandu. Ce n’est qu’au fil des années que le chat se fit accepter par les Grecs, étant plus efficace et plus propre que les fouines et les belettes.
À noter toutefois que les félins n’ont jamais eu, en Grèce, la position divine qu’il a occupé en Egypte.

L’EMPIRE ROMAIN 200 ANS APRES JC

Les chats connaissent le même destin à Rome.

Animal coûteux et à l’origine réservé à la noblesse, les félins ne tardent pas à se multiplier.
Bon chasseur et facile à vivre, le chat est rapidement adopté par les citoyens de Rome.

Puis, en raison de l’expansion de l’Empire romain, les félins se sont répandus sur tout le pourtour du bassin méditerranéen.

PERSÉCUTÉ AU MOYEN-ÂGE

Dans l’Europe du « moyen âge » (du Vè au XVè siècle) l’Eglise catholique, est très puissante, et dès le XVème siècle, le pape Innocent VIII et son édit de 1484, font alors sacrifier des chats pour les fêtes populaires.
Le chat connait alors une véritable période noire, surtout s’il avait le malheur d’être de cette couleur. Son propriétaire risquait lui aussi le bûcher.
Jusqu’au XVIIè siècle, les chats font l’objet des pires tourments.
l’Eglise considère le chat comme l’envoyé du diable. Ses yeux brillants dans la nuit sont la cause de tous les malheurs, épidémies, famines et même meurtre d’enfants.
Il est souvent représenté au clair de lune, dans une clairière, en compagnie de sorcières.

Le soir de la Saint Jean un énorme bûcher, allumé par le roi lui-même, était installé au centre de Paris place de Grêve.
Les chats enfermés dans des sacs étaient jetés dans les flammes devant les parisiens en liesse.
Les matous qui échappaient au massacre n’étaient pas mieux lotis : ils finissaient en ragoût ou emmurés dans des maisons en construction pour déjouer le mauvais sort. Le Moyen-Âge extermine une grande partie de la population féline.
C’est le fléau de la peste noire qui ravage l’humanité en Europe au XIVè siècle.
Entre 1346 et 1350, au moins un tiers de la population européenne est décimée, soit environ 25 millions de victimes. Elle se propagea à cause des puces du rat. Malgré les croyances de l’époque, le chat n’était pas coupable de la transmission de la peste.
Au contraire, comme il est massacré, la maladie se répand davantage.
Si l’on n’avait pas accusé à tort le chat d’être responsable de la peste, l’épidémie n’aurait pas duré aussi longtemps (3 siècles).

Durant le Moyen Âge, outre pour la chasse aux souris, le chat est aussi utilisé pour tout autre chose… La médecine médiévale utilise les crottes de chat pour lutter contre la chute des cheveux et guérir de la fièvre. L’arthrite et autres douleurs articulaires sont soignées avec des préparations qui contiennent de la moëlle et de la graisse de chat. Pendant les périodes de siège ou de famine, le chat est consommé comme viande. Le chat domestique est également utilisé pour sa fourrure peu chère, destinée au peuple et non à la noblesse qui préfère le renard ou l’agneau. On en fait des couvertures, des carpettes ou des coussins de chaises.

ET À l’ÉPOQUE MODERNE…

Au XVIè siècle, a été inventé le cruel « orgue à chats ».
On rangeait les chats côte à côte dans des boites, en fonction de la variation de leurs miaulements.
Lorsque une touche de l’orgue est pressée une aiguille s’abat sur un chat et le fait miauler de douleur.

Au XVIIè siècle,
Sir Isaac Newton (1642-1727), est bien connu pour ses nombreuses découvertes, mais l’une d’elles passe souvent à la trappe :
l’invention de la chatière.

Au XIXè siècle, grâce aux découvertes scientifiques de Louis Pasteur du milieu du siècle, et les débuts d’explication de la nature et de la transmission des maladies par les microbes et non par les sorcières, il montra que le chat était un parfait exemple d’hygiène car il se lave jusqu’à vingt fois par jour.

La première exposition moderne féline est organisée au Crystal Palace de Londres en 1871, marquant le début des standards des races.
En France, la première exposition est organisée par le Cat Club en 1925.

LES CHATS ET LES SOUVERAINS DE FRANCE

Henri III (1551 – 1589), roi de France de 1574 à 1589, bataille ferme contre les huguenots mais a si peur des chats qu’il s’évanouit lorsqu’il en croise un.
Il fait exécuter 30 000 félins sous son règne.

Louis XIII (1601 – 1643), roi de France de 1610 à 1643 a de l’affection pour les chats. Son ministre principal, le cardinal de Richelieu, lui, les adore.
Il possède jusqu’à 14 chats avec qui il joue tous les matins. C’est lui qui réhabilite le chat en lui redonnant son rôle de dératisateur.
Le roi lui confie même une mission de la plus haute importance : protéger des rongeurs les trésors de la librairie royale.
Peut-être influencé par le cardinal, Louis XIII met un terme aux persécutions des félins organisées sous son règne par l’Eglise chrétienne.

Le fils de Louis XIII, Louis XIV, régna de 1643 à sa mort en 1715. On dit qu’en 1648, alors qu’il n’a que 10 ans, il danse autour des bûchers où des chats brûlent vifs.
Son père et Richelieu ne sont plus là pour défendre la cause féline. A cette période, la mode des canaris, des perroquets et des chiens prend la place de celle des chats à la cour, et ceux qui restent sont confinés aux cuisines.

Louis XV (1710 – 1774) devient roi à l’âge de 5 ans.
Il est sans doute le roi qui aime le plus les chats.
Il a pour animal de compagnie un chat blanc qui vient dans sa chambre chaque matin et qui est autorisé à jouer
sur la table du conseil royal pendant les réunions.
Il ordonna l’arrêt des bûchers de chats à la St Jean, « tradition barbare et primitive » selon lui.

L’empereur Napoléon Bonaparte (1769 – 1821) déteste les chats et y est allergique.
Sous son influence, le Code Civil en 1804, définit juridiquement le chat comme un meuble.
«Sont meubles par nature les animaux et les corps qui peuvent se transporter d’un lieu à un autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, soit qu’ils ne puissent changer de place que par l’effet d’une force étrangère.»


Du meuble à l’être sensible : le statut de l’animal de compagnie demandera plus de 2 siècles pour changer ! Enfin depuis le 16 février 2015, c’est écrit dans la loi.

EXPANSION DES CHATS À TRAVERS LE MONDE